Super stage samedi avec Bernard Coclet ! Une ambiance très détendue et très festive qui s’est prolongée lors du Bal le soir ! Un grand merci, à Bernard Coclet et à son musicien Tiennet Simonnin de nous avoir permis de vivre cet événement. Merci également à Sophie Gamblin et Pierre Peyon pour la sonorisation. Un grand merci aussi à tous les participants, nombreux, qui ont créé l’ambiance. Un immense merci enfin, à tous les bénévoles sans qui rien de tout cela n’aurait eu lieu !
Une nouvelle semaine commence et, pour les retardataires, une deuxième chance de s’initier ou venir pratiquer les danses bretonnes ou d’ailleurs à La Ridondaine !
Rendez-vous demain 26 septembre à 20h30 à la salle de la Pilotière à Nantes ! On vous y attend de « pied ferme » !
Une nouvelle année a commencé. Les nouveaux ont été accueillis. On espère les retrouver bientôt en Fest Noz. Le calendrier 2023-2024 est en cours de finalisation : une vraie merveille ! Ça vaut le coup d’attendre !
Bonjour tout le monde et bonne rentrée ! On espère que vous avez bien profité de cet intermède ensoleillé et chaud. L’équipe de la Ridondaine est en train de s’échauffer pour vous accueillir en grande forme le 19 septembre ! À bientôt !
Mardi dernier c’était la reprise à la Ridondaine. Les nouveaux ont été accueillis avec joie et les débutants ont été pris en charge dans la salle du bas de la Pilotière. Le programme d’apprentissage du premier trimestre va nous nous entraîner au Pays Vannetais et en Cornouaille. Quatre autres régions de Bretagne suivront dans le courant de l’année. Mais, bien sûr, les danses de Vendée et d’ailleurs ne sont pas oubliées ! Tout le monde sera fin prêt pour danser en Fest Noz rapidement !
Bonjour tout le monde et bonne rentrée ! On espère que vous avez bien profité de cet intermède ensoleillé et chaud. L’équipe de la Ridondaine est en train de s’échauffer pour vous accueillir en grande forme le 19 septembre ! À bientôt !
Bonjour à tous, Nous sommes en plein milieu des vacances mais déjà un grand nombre d’entre vous s’intéresse au stage Bourrées, Scottishs et Mazurkas du 18 novembre avec Bernard COCLET. Pour acheter votre billet dès maintenant sur Hello Asso, il vous suffit de taper dans votre moteur de recherche : « helloassolaridondaine » On arrive sur la page de Hello Asso qui est Associée à La Ridondaine. Vous aurez alors la possibilité d’acheter votre billet en ligne. Bonne deuxième moitié d’été à tous ! On espère vous retrouver en Septembre !
Eh oui ! Hier c’était déjà la dernière danse de l’année pour la Ridondaine !
Après un pique-nique, ma foi, bien agréable, on a dansé et on a même encore une fois fait une incursion dans le folk avec le Lucky Seven et La Galopède (un longway), mais on n’a pas oublié la Bretagne avec Le Rond balancé de Dol, ni la Vendée avec une maraîchine en mixer.
De quoi nous donner envie de reprendre bien vite notre activité en septembre comme indiqué dans l’affiche ci-dessous.
Ce ne sera pas la seule activité de la Ridondaine à la rentrée car il y aura aussi un stage de Bourrées, Scottishs et Mazurkas avec Bernard Coclet le 18 novembre. Alors, tous à vos agendas !
Une plaine s’étalant le long du Rhin, coulant de Bâle au sud vers Strasbourg au nord; bordée à l’ouest par les collines sous vosgiennes puis les Vosges elles-mêmes, s’étirant de la trouée de Belfort vers le Palatinat allemand… Une des régions centrales de l’Europe Rhénane, convoitée de tout temps pour sa position charnière, entre mer du nord et vallée du Rhône, entre le St Empire Germanique et la France, convoitée pour ses richesses naturelles (vins, céréales, ressources minières).Elle fut régulièrement assiégée, envahie, annexée, dominée par les Germains, les Séquanes, les Romains, les Vandales, les Alains, les Armagnacs, les Suédois, les Etats impériaux …qui pour la plupart détruisirent les récoltes, tuèrent ou déportèrent les habitants.
Il y a eu quand même des périodes plus calmes pendant lesquelles la région a pû se se reconstruire: pendant la paix Romaine du 1er au 4ème siècle, lorsque l’Alsace s’est rattachée à la France de 1648 à 1871. Plus près de nous, l’annexion par l’Allemagne de 1871 à 1918 puis de 1939 à 1945, a contribué à la perte d’une certaine identité alsacienne, surtout au niveau de la musique, des danses, des chants et de la poésie.
Pour contrecarrer en partie ces invasions incessantes, dès le milieu du 14ème siècle, 10 villes importantes de l’Alsace (hors Strasbourg) se sont alliées en une forme de république, la Décapole en se promettant aide et assistance que ce soit au niveau militaire ou financier. Seule Mulhouse s’est retirée de la Décapole au milieu du 15ème siècle pour rejoindre et s’allier à la Confédération Suisse et ce jusqu’en 1798 où elle s’est réunie librement (par votation) à la France.
L’Alsace, terre de passage, a connu l‘apport d’influences culturelles de tous les envahisseurs, armées, administrateurs qui se sont installés à un moment donné dans ce petit coin de France. Les thèmes musicaux et de danse, inspirés pour la plupart d’Europe Centrale après la chute de l’empire napoléonien ont subis de nombreuses variations lors de leur intégration par le tempérament propre de l’Alsace. On peut ainsi relever:
– la VALSE: dérivée du Ländler autrichien, agrémentée de pas frappés, glissés ou de pastourelles.
– la POLKA: originaire de Bohême et de pays slaves avec des variantes de polka tournée et piquée.
– la MAZURKA: nous venant de Pologne avec en Alsace un style particulier donné par la varsovienne.
– la SCOTTISCH: d’origine incertaine (hongroise, allemande) et son dérivé le RHINLANDER plus vivant avec l’adjonction de la polka tournée. – le QUADRILLE qui nous vient de la Cour d’Angleterre, danse bourgeoise avec ses révérences et son style plus précieux. Mais à partir de 1918 jusqu’en 1939 l’Alsace a progressivement perdu ce répertoire en ne jouant et dansant plus que les airs à la mode à cette époque: marche, valse, polka…
Parallèlement, et à partir de ces pas de base ont été développées une foule de dansessoit au niveau d’un village, d’un évènement particulier, ou d’une fête profane ou religieuse … Un certain nombre d’entre elles ont été collectées dès le 16ème siècle. Une petite partie était encore dansée au début des années 1950. On peut citer entre autres:
– des valses voltées, paires ou impaires, des polkas.
– le branle des bergers de Ballersdorf et d’autres branles double, simple. – les 7 pas de Guebvileer, d’Oberseebach et différentes variantes de 7 sauts. – la courante Hilf O Himmel de basse Alsace. – des pavanes, gavottes, allemandes et autres salamandres. – le chibreli d’origine bourguignonne. – la sarabande d’amour qui nous est venue d’Espagne. – les jeux danses des jeunes et des conscrits, les danses et chansons de quête. – les danses liées à la moisson avec la gerbe de bonheur (s’gleckhampfala)
– les danses autour du ‘butzemummel’ bonhomme de chiffons ou de paille, chassé du village à la fin de l’hiver
– certaines danses des vallées vosgiennes de Munster et de Lapoutroie régions qui ont su préserver leurs traditions, de même que dans le sud du Sundgau dont Mulhouse est la porte, proche de la Suisse et de la franche-Comté.
– des danses de basse Alsace (pays de Hanau, Kochersberg, Seebach) avec ses coiffes magnifiques et variées.
En dehors de quelques danses nommées ci-dessus pratiquées au niveau d’un village, d’une vallée, il n’existait plus en Alsace que des harmonies, des fanfares villageoises ou associatives. Munis d’instruments à vents, des cuivres, les musiciens étaient habillés à l’identique, garçons et filles pantalon noir et gilet rouge, et interprétaient des airs qui n’avaient plus rien de traditionnel mais qui pouvaient tout au plus accompagner un cortège, un repas choucroute, une soirée bière.
Et pourtant des collectages avaient été effectués entre autre par:
– Jean-Baptiste Weckerlin (1821-1910) de Guebwiller (68). Musicien et compositeur reconnu, il s’installa à Paris en 1843. Il nous a laissé 2 volumes de chansons populaires alsaciennes.
– l’Abbé Louis Pinck (1872-1940) qui a essentiellement collecté en Moselle et dans l’Alsace bossue (67). La somme de données recueillies: mélodies, chants, quelques pas de danse, est impressionnante. Mais pro-allemand, il a malheureusement opté pour une traduction allemande de la majorité des chants pourtant recueillis en francique lorrain et rhénan.
– les 3 volumes du recueil « Das Volkslied in Elsass » de Joseph Leffz (1888-1977) né à Obernai (67).
Il a fallu attendre lerenouveau folk et le travail de quelques irréductibles pour retrouver et réinterpréter à partir de ces collectages, le répertoire traditionnel alsacien d’avant 1918. On peut nommer comme précurseurs:
– Daniel Muringer et son ensemble musical « Géranium »: un travail remarquable a été fait sur leurs premiers enregistrements. En reprenant ces musiques et ces chansons oubliées, en réutilisant des instruments d’époque (psaltérion, dulcimer, cromone…) ils ont redonné vie à cette ambiance, cette particularité propre à l’Alsace.
– Gérard Leser – Eugène Magey, en duo dans les « Luschtiga Malker » et Jeanne Lau (1890-1970) spécialistes des traditions de la vallée de Munster.
– Richard Schneider, conseiller technique et pédagogique au Ministère de la Jeunesse et des Sports à Strasbourg. Son travail a été fondateur. En s’inspirant des collectages anciens, très certainement, et d’autres sources qu’il ne précise pas, il a reconstruit dans les années 1970 tout un panel de danses alsaciennes. La plupart des groupes folkloriques d’Alsace de ces années-là ont reprit ce répertoire.
En écoutant un air de musique, un chant on peut souvent reconnaître un pas de danse. C’est le cas pour les marches, les valses, la scottish, les branles… Mais cela n’est pas suffisant pour recréer une danse complète, une chorégraphie, d’autant plus si des rythmes différents se retrouvent dans un même air…
Dès lors plusieurs groupes folkloriques ont voulut aller plus loin que Richard Schneider, en recherchant eux-mêmes dans les villages, auprès d’anciens, en écumant les bibliothèques, en lançant des appels lors des spectacles… Ainsi petit à petit, ces quelques groupes ont développé un répertoire plus authentique, en faisant des recherches sur les danses, les musiques, les costumes. En intégrant dans leurs prestations, des contes, des chants, des scènes de vie, ils donnaient des spectacles complets axés souvent sur un thème particulier: les moissons, les conscrits, une région…
Certains groupes privilégiaient le spectacle, la virtuosité, d’autres les scènes de la vie courante, d’autres encore les légendes.
On peut particulièrement nommer (liste non exhaustive):
Dans le Bas-Rhin avec des instruments actuels: cuivre, accordéon, percussions, clavier :
– GAP Berstett depuis 1938
– D’Sandhase de Lingolsheim créé en 1938
– D’Koeckloeffel de Souffelweyersheim depuis 1977
Dans le Haut-Rhin avec des instruments actuels: cuivres, accordéon, percussions.
– Vogesia de Colmar
Dans le Haut-Rhin avec des instruments plus traditionnels:
– Les Burgdeifala d’Illfurth à partir de 1973
– La Sundgauvia à Rixheim fondé au début des années 1970
– Spectacle : les contes d’un jour et d’une nuit au pays des légendes (Tag un’ nacht) des « Mattagumber » (A voir sur internet ce spectacle présente des danses remarquables).
NB: Force est de constater que la plupart de ces groupes d’Art et Tradition populaires qui tenaient à faire de l’authentique sont en perte de vitesse.
– Le dialecte est encore relativement parlé, plus en Alsace du nord que dans le sud. Nombre de chorales interprètent des chants traditionnels, les troupes de théâtres écrivent et montent des pièces, souvent davantage dans le registre comique et cabaret : Germain Muller, Roger Siffer, le Herre-n-Owa (la soirée des hommes) à Mulhouse… Des villages proposent des spectacles tout en poésie. Des cours de dialecte alsacien sont proposés dans les Universités Populaires.
– Les fêtes villageoises, très nombreuses en Alsace, sont souvent construites sur des traditions: la moisson, les vendanges dans le vignoble, la transhumance dans les vallées, une spécialité culinaire…
– Lesfêtes religieuses sont très suivies, les lieux de pèlerinage restent vivants (Mont Sainte-Odile, Thierenbach…)
– La gastronomie est une institution, les événements s’y rattachant sont innombrables.
– L’Alsacien a aussi un attachement très fort à la nature. Les sentiers de randonnées sillonnent les Vosges, la Basse Alsace, le Ried Colmarien, le Sundgau. Sans compter les itinéraires et pistes cyclables, les VTT: plus de 2000 km !
– Et que dire des costumes ! L’Alsace ne se limitait pas au magnifique nœud noir, propre au Kochersberg et au pays de Hanau en Alsace du nord. Noire dans les villages protestants, cette coiffe était plus chatoyante chez les catholiques: tissu écossais, tissu rouge, tissu fantaisie muni de fleurs brodées… Toujours en Alsace du nord des costumes et des coiffes très différents étaient portés, par exemple dans les villages de Seebach et de Meistratzheim. En descendant vers le sud, Colmar, le Sundgau, on trouvera d’autres influences venant de la Suisse, de la Franche-Comté. Ce seront des bonnets à brides, avec des pièces de dentelles. Pour les hommes on préférera les culottes à pont et comme couvre -chef un tricorne, en alsacien « newelspalter », un fendeur de brouillard. Dans les vallées vosgiennes ce seront des costumes marcaires pour celle de Munster; de type Welsh pour la vallée de la Bruche et du Val d’Argent.
Ces quelques exemples ne sont qu’un petit aperçu de la grande variété et de la richesse des costumes portés traditionnellement en Alsace.
Mais qu’en est-il de la danse traditionnelle, en dehors des prestations de groupes folkloriques? Les musiques, les danses traditionnelles alsaciennes sont-elles encore enseignées, pratiquées dans la vie courante, dans les stages, les bals folks ?
Il faut malheureusement constater les points suivants:
– Très peu de personnes en Alsace connaissent les danses anciennes. comparativement à la Bretagne par exemple: une vingtaine de Fest Noz et Fest Deiz par week-end, de nombreux cours de danse, d’innombrables groupes de musiciens n’interprétant que de la musique bretonne.
– On peut répertorier en Alsace une dizaine d’ateliers de danses traditionnelles : on peut y apprendre et y danser du breton, du balkan, de la contredanse… Mais pas une seule mention de danse alsacienne !
– Il en est de même des ensembles de musique animant les bals folk. Leur répertoire est éclectique, mais reste limité aux tubes folk: cercle circassien, chappeloise, scottish, valse, mazurka, bourrée, danses bretonnes…
Fort heureusement, il y a l’ensemble « Au gré des vents ».
Dès le début des années 1990, ce groupe a revisité le répertoire traditionnel alsacien, Gilles Péquiniot se chargeant des arrangements musicaux et Danyele Besserer réinventant des danses, montant des chorégraphies simples, relativement faciles à apprendre, tout en respectant un esprit, une ambiance de tradition alsacienne. Depuis 25 ans ils représentent le fruit de leur travail lors des stages, dans les bals folks qu’ils animent. En Alsace, mais aussi dans les autres régions françaises et même à l’étranger. Grace à eux, les danses traditionnelles alsaciennes ont retrouvé un élan populaire, certes dans un cadre ‘revivaliste’ (terme cher à Yves Guilcher) et seulement auprès d’un petit nombre d’initiés. Mais ces danses et musiques existent et vivent. Le groupe a enregistré 7 CD avec des carnets d’explications sur les chorégraphies, ils ont réalisé un certain nombre de vidéos très instructives sur ces mêmes danses.
Il faut aussi mentionner l’OCLA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle). Cet office a entrepris depuis quelques années un travail de fond pour collecter tout ce qui concerne les traditions alsaciennes. Entre autre, et pour ce qui est des danses, tout est répertorié sur l’onglet « Sammle » du site internet de cet office.
Pour finir une poésie de Nathan Katz (1892-1981)
Poète et dramaturge alsacien, natif du Sundgau
Poème traduit de l’alémanique en français par Guillevic, poète breton.
D’verschwàtzti Stàrne
Un d’Starne hai dur d’Schibe glüegt In di Chammere ine. Wàgedàm tien si so still binanger am himmel steh Wàgedàm tien si so firig hit schine.
Wie hai si gchlànzt un enanger verzälit, Wie si di gattig gseh in de Zieche lige. Wie cha me so verschwàtzt denn si ? I hàtt di bschäut, hàtt mi gfrait, – un hàtt gschwige.
Les étoiles bavardes
Et les étoiles regardaient dans ta chambre A travers les vitres, C’est pour cela qu’elles se tiennent si tranquilles entre elles dans le ciel. C’est pour cela qu’aujourd’hui elles luisent comme du feu.
Comme elles ont brillé, parlé entre elles Quand elles t’ont vue si belle entre tes draps ! Comment peut-on être aussi bavard ? Moi, je t’aurais regardée, je me serais réjouis – je me serais tu.
(*) Sources de Dominique: – Jean Claude Streicher – Georges Fischer – Pierre Bleze: Histoire des Alsaciens, des origines à 1789, Ed Frenand Nathan – Plaquette de l’association Sundgauvia, Rixheim – Plaquette du disque 33T: Danses Traditionnelles d’Alsace produit par Siffer-Braun à 67220 Villé – Site internet www.accrofolk.net équivalent pour l’Alsace du site Tamm Kreiz breton – Site internet www.olcalsace.org – Site internet www.carnetdebal.org logeur du groupe Au Gré des Vents – Nathan Katz, Oeuvre poétique, Ed Arfuyen
Hier soir, la Ridondaine à accueilli Gwen (membre du groupe Sans Façon) et Alexis pour se former aux danses de Gascogne. Gwen nous a fait travailler le pas de rondeau que nous avons dansé au son de l’accordéon d’Alexis qui nous avait déjà fait danser en février dernier. Ensuite elle nous a entraîné dans une Ronde du Quercy et nous avons terminé avec le Congo de Captieux.
Une belle ouverture à la danse folk que nous sommes tous prêts à recommencer.
Principalement dansés en Haute Bretagne, où ils ont remplacé les branles anciens, les avant-deux appartiennent à la famille des contredanses. L’Histoire de ces danses témoigne de la grande mobilité, sociale et géographique, de cette pratique culturelle. C’est aussi, d’après Jean Michel Guilcher, une petite révolution dans l’histoire de la danse: des danses à figures qui succèdent aux danses de pas du moyen age, une recherche d’échange entre partenaires qui succède à la recherche d’unité, de fusion dans la communauté, typique des branles traditionnels.
Il n’y a pas de consensus sur l’origine du mot. Pour les uns, « contre-danse » renvoie au dispositif où danseurs et danseuses se font face. Pour d’autres, le mot est la transposition en français de l’anglais « country dance » qui nous rappelle que ces danses étaient pratiquées dans les campagnes anglaises dès le XIVème siècle. Mais elles étaient aussi fort appréciées à la cour d’Elisabeth Ier. En 1651, l’imprimeur londonien Playford n’en décrit pas moins de 105 versions dans son fameux « English dancing master », un des premiers manuels de danse, et c’est encore un britannique, Isaac d’Orléans, qui l’introduit en France sous le règne de Louis XIV.
Plus gaies et moins empesées que les danses de cour, les contredanses anglaises vont bien vite faire la joie de courtisans de Versailles, tout en s’adaptant aux coutumes locales. Les maîtres de danse français comme André Morin, s’attachent à polir cette danse un peu rustique et créent la « contredanse française » qui envahit toutes les cours d’Europe au XVIIIème siècle. Comme son ancêtre britannique, la contredanse française est une « danseà figures » avant tout. Au « long way » d’outre manche, les français préfèrent un dispositif en carré de deux ou quatre couples, quadrette, quadrille et cotillon. Les maîtres français imposent également des pas baroques qui mettent en valeur la virtuosité des danseurs: pas de bourrée, pas de gavotte etc…Sous la révolution et l’empire le quadrille français devient, avec la valse, la danse de bal par excellence formée dune suite de cinq figures: le pantalon, l’été, la poule, la pastourelle et la finale.
Et c’est de la figure de l’Eté que viendrait l’avant deux pratiqué en Bretagne et dans les régions voisines. L’avant-deux, ou plutôt ‘les’ avant-deux tant cette danse s’est diversifiée à l’extrême en se diffusant dans les campagnes de l’Ouest et notamment en Loire Atlantique où les collecteurs des cercles celtiques ont cru pouvoir distinguer les avant-deux des Touches, de Saint Herblon, de Saint Géréon, de Carquefou, de Chateaubriant, de Trans sur Erdre etc… Marc Clérivet met en garde contre la tentation de considérer ces danses comme des danses de terroir comparables aux gavottes de Basse Bretagne. Presque toujours, les danseurs traditionnels se laissaient aller à bien des fantaisies et variations et pouvaient adapter leur façon de danser aux circonstances et aux partenaires. Les films tournés à l’occasion de collectes montrent une grande variété de pas (glissés, marchés, en saut de pie…) pour une même version-type, parfois pratiqués par les mêmes danseurs. Souvent aussi, c’était au musicien de « commander » aux danseurs les figures à exécuter ou le dispositif à adopter. L’art de commander était aussi celui de commenter malicieusement les bourdes et maladresses des danseurs. Blagues et piques ont toujours été appréciées d’un public rieur et bon enfant.
A Nantes, l’avant-deux le plus pratiqué en fest-noz correspond à une forme collectée dans le pays d’Ancenis. Comme partout, c’est une succession de figures élémentaires : l’avant-deux proprement dit, qui mobilise deux des quatre danseurs en vis à vis, puis deux figures pratiquées par les quatre danseurs simultanément: un balancé (ou valsé) en couple fermé, puis un avant-quatre. Le « de travers » renvoie au déplacement des danseurs dans la première figure, il s’oppose à l’avant-deux en long où les danseurs avancent, reculent, permutent etc…
(*) Sources de Rémy – Marc Clérivet, « Danse traditionnelle en Haute Bretagne, Traditions de danse populaire dans les milieux ruraux gallos 19ème-20ème siècles » , Edition Dastum / PUR, Rennes, 2013. – Site : « Autres temps, autres danses », https:// www.atad.asso.fr/histoire-de-la-danse/la-contredanse – Site: Danse anciennes à Montréal, revivre l’histoire par la danse », http://www.dansesanciennesamontreal.com/Danses/danse-anglaise.html – Article de William Lemit sur la thèse de Jean Michel Guicher: « La Contredanse Française, ses Origines, son évolution », in Arts et traditions populaires 12ème année, N°1(Janvier-Mars 1964), pp.77-79 (3 pages) – Article de Marc Clérivet sur l’avant-deux dans l’ouvrage collectif « Musique, Danse Traditionnelle et Territorialité », Arts vivants, Rennes.
Certains d’entre vous se posent peut-être la question, et même s’en inquiètent. D’autres affichent une belle indifférence, mais voudraient bien savoir : irons-nous en enfer pour avoir dansé la valse ? C’est que depuis son apparition en Autriche au XVIIIème siècle la valse a été maintes fois condamnée par les autorités morales, religieuses et mêmes médicales. Sur ce point au moins catholiques et protestants étaient d’accord : la valse est diabolique ! comme toutes les danses du reste, mais un peu plus ! Que de livres publiés, de sermons, prononcés et de gravures diffusées pour dénoncer son caractère malsain/malin/maléfique ! Icône du clergé catholique du XIXème siècle, Jean Marie Vianney, curé d’Ars appelait la danse » le péché parfumé « . « Il n’est pas un commandement de Dieu » disait-il « que la danse ne fasse transgresser » !
Que lui reprochait-on au juste ?
L’Eglise, depuis l’antiquité, condamne la danse elle voit une survivance des cultes païensqu’elle cherche à éliminer et qui sont profondément enracinés dans les mentalités, notamment dans les campagnes. Une très vieille danse païenne/paysanne est d’ailleurs un ancêtre possible de la valse. C’est une danse bavaroise un « Shuhplatter », décrite dans un poème de 1023 (2). La danse commence par une imitation de parade nuptiale entre deux oiseaux, se poursuit par une rotation endiablée (dans la position des danseurs de valse) pour terminer par une figure spectaculaire au cours de laquelle le cavalier projette sa cavalière en l’air. Rien qu’une danse? On peut y voir plus d’un rite: le mouvement circulaire rappelle les plus anciens cultes reproduisant, sur terre, la course des étoiles. La première partie évoquèe, animale/animiste a quelque chose de « chamanique ». Quant à la figure finale, certains ethnologues l’interprètent comme un rite de fertilité. Plus la danseuse volait haut, plus la récolte serait abondante. Il y a là tout ce que l’Eglise médiévale condamnait comme païens. Certes notre valse viennoise est assez éloignée du Shuhplatter médiéval, mais elle n’en est pas moins désignée comme « bacchanale » (danse en l’honneur de Bacchus) dans un journal publié en 1797 (3) qui stigmatise ceux qui s’adonnent à cette nouvelle mode.
Une façon de discréditer les danseurs était de les présenter comme « possédés » du démon. Quand la valse se diffuse en Europe, le souvenir est encore vif de la chasse aux sorcières » qui fit des milliers de victimes au XVIIIème siècle. Les traités de démonologie de l’époque y dénonçaient avec force les sabbats, danses au cours desquelles les sorcières s’accouplaient avec le démon. C’est peut être cette même hantise du démon qui inspirent ceux qui fustigent la « valsomanie » qui s’empare, vers 1800 des amateurs de danse (4). Le terme désigne alors l’acte dans lequel la danse plonge les jeunes qui oublient tout, fatigue, obligations quotidiennes, pour se livrer à leur passe temps favori. On met en garde, le premier pas de valse est un pas vers l’enfer. C’est ce qu’exprime le témoignage de T.A.Faulkner: « From the ball-room to Hell » (5). Dans le rôle du diable, on y trouve un personnage redoutable: le danseur-séducteur qui entraîne les jeunes filles sur les entiers de la perdition. Emma Bovary ne s’en est pas relevée.
La danse elle-même n’est-elle pas une sorte d’exhibition érotique? Danse de couple, la valse tranche sur les autres danse de l’époque par deux caractéristiques majeures jugées également indécentes, la prise serrée et le « pivot »: c’est une danse qui tourne d’où son nom de valse qui vient de l’allemand Walzen, tourner. Non seulement les danseurs se tiennent très près l’un de l’autre, face à face, tout au long de la danse, mais l’homme pose la main sur la taille de la cavalière, et ensemble… ils tournent. Que n’a-t-on pas écrit sur les effets pervers de ce mouvement rotatif ! Outre qu’il dévoile un peu de l’anatomie féminine, (la robe se soulève légèrement)! il était sensé plonger les danseurs dans un vertige propice aux débordements les plus fâcheux. Raison suffisante pour réserver la valse aux femmes mariées ou a celle dont la vertu était attestée par de vigilantes douairières. Au XIXème siècle, des médecins ajoutent leur pièce au réquisitoire anti-valse décrivant le vertige et l’acte de confusion qui en résulte. Saint Ursin rebaptise la prise fermée « les bras de la mort » et met en garde contre les pathologies pouvant d’écouler d’une pratique trop régulière: phtisie pulmonaire, clitorimanie, nymphomanie, érotomanie etc…(4) Bref la valse fait perdre la tête …
Et pourtant la valse s’est répandue au XIXème siècle. Est-ce à dire qu’un vent de liberté sexuelle a soufflé sur l’Europe? Certainement pas. La valse triomphe dans une Europe réactionnaire et puritaine, pour ne pas dire pudibonde. Comment expliquer ce paradoxe? C’est que si les règles sont strictes, la façon de les faire respecter a changée. Au moyen âge, il revenait à la communauté villageoise de contrôler ses membres, ce que reflète la prédominance des danses en ronde où chacun tient son voisin, où l’on marche d’un même pas. A l’époque moderne et contemporaine ,c’est de plus en plus à l’individu de se contrôler lui-même, de refréner ses pulsions, de veiller à ne pas brusquer ni offenser l’autre. Or qu’elle meilleure école de « self control » que la danse ? Le bon danseur de valse, en effet, est l’opposé d’une brute: il ne contraint pas, il conduit ; il touche, mais ne caresse pas. Il tient sans étreindre, bref, il se comporte en gentleman. Comme le rappelle Alain, « la danse n’est au fond qu’une politesse », et son apprentissage permet à l’individu de se faire son propre maître. Ainsi, la naissance et la diffusion de la valse apparaît comme un véritable tournant dans l’histoire de la civilisation occidentale, celui de l’émancipation de l’individu… de sexe masculin. Car c’est bien à l’homme, et à l’homme seulement qu’il revient alors de mener la danse et d’exercer son pouvoir sur sa cavalière. L’Europe de la valse est aussi celle du corset qui enserre et emprisonne la femme.
Sources de Rémy : (1) Abbé Jean-Luc Laffite, « Que penser de la danse ». dame-marie.e-monsite.com (2) Mark Knowles, « The wicked waltz and other scandalous dances ». Mc Farland & Co Inc, 2009 (3) Elisabeth Claire, « Pratiques de danse et discours de genre, une histoire connectée » in « Clio, Femmes, Genre, Histoire », N°46. 2017 (4) Elisabeth Claire, « Inscrire le corps révolutionnaire dans la pathologie morale: la valse, le vertige et l’imagination des femmes », 2013 (5) T.A. Faulkner, « From the ball-room to hell », 1984 (6) Alain, « Système des beaux arts », 1926 Ancien directeur d’une salle de bal, l’auteur décrit l’effet pernicieux de la danse sur les jeunes gens, et en particulier les jeunes filles.
Le rond de Landeda nous conduit tout là bas, au bout du bout du monde, dans le Léon.
Le Léon est un de ces très anciens « Bro », royaumes fondés par les princes et missionnaires bretons exilés d’outre Manche aux Vème et VIéme siècles. Au Moyen âge, c’est tout à la fois un fief (Kemenet) autonome du duché de Bretagne: la Vicomté de Léon, et un des neufs diocèses bretons, celui de Saint Pol de Léon. C’est aussi un espace linguistique: celui du Léonard (ou Léonais): une des quatre branches du breton.
Peu étendu, le Léon n’en est pas moins varié. A dire vrai, c’est comme une Bretagne en réduction, divisé lui aussi en deux: le bas et le haut Léon que sépare l’embouchure de l’Elorn. On y danse à peu près tout ce qui se danse en Bretagne. Le Haut-Léon est le pays de la « dans leon« , une des rares danses bretonnes qui présente le dispositif en « double front ». Le Bas Léon est une terre de gavotte, de toutes les gavottes, en ronde, en cortège et même en couple. Ça et là, sur la côte, on pratique la ronde aux trois pas que les marins ont semé sur le littoral breton et au delà, sur l’île d’Yeu et jusqu’à Biscarosse en passant par l’estuaire de la Loire donnant peut être naissance au rond de Sautron. Quant au rond de Landéda, c’est une des rondes léonardes qui s’apparentent aux ridées et laridés que l’on affectionne tant dans le pays vannetais.
Dans le Léon, au temps de la tradition populaire, tout était prétexte à danser, et à chanter. On dansait sur la grève, après la récolte des goémons, sur le pont des bateaux entre deux manœuvres, sur les aires à battre pour tasser l’argile fraîche, et pourquoi pas aussi les ajoncs que l’on donnait à manger aux chevaux, d’où le nom de « Piler lann » donné parfois dans le Léon. Mais c’est sans doute une légende.
L’accompagnement favori était le chant à répondre. Jean Michel et Hélène Guilcher ont décrit en 1952 le déroulement de la ronde aux trois pas, sans doute semblable à celui du rond de Landeda. Dans un premier temps, les danseurs se tenaient, par le petit doigt, immobiles et silencieux, les bras levés, puis les baissaient tous ensemble, les balançant fortement d’avant en arrière deux, trois fois, quatre fois, avant que la ronde ne s’ébranle et que les danseurs ne prennent le rythme, au seul son des sabots. Enfin, un des danseurs annonçait une chanson puis entonnait en solo la première phrase. Les autres lui répondaient en chœur, et avec cœur ! La danse ne s’interrompait pas forcément à la fin du premier chant. Les danseurs poursuivaient sur le même rythme, quelqu’un annonçait une seconde chanson puis l’entonnait et ainsi de suite. Cela pouvait durer des heures sans interruption. La danse agissait comme un charme : « Quand on se sentait triste ou malade, disait une vieille femme d’Ouessant, on organisait une danse ronde, et cela allait mieux après.« (*) Sources de Rémy – Guilcher J.M. « La tradition de danse populaire en Basse-Bretagne », coop Breizh, 1997 – Guilcher H, Guilcher J.M. « La danse ronde en Léon. In: Annales de Bretagne. Tome 59, numéro 1, 1952. – Soubigou J.P. « Le Léon dans la Bretagne des Xe-XIe siècles (Kemenet et vicomté) « annales de Bretagne et pays de l’ouest, n°120 – 2013
Gravure illustrant le chapitre la salle Markowski dans « les Cythères parisiennes ».
Tout le monde connait le tango, danse des faubourgs miséreux de Buenos Aires et Montevideo qui acquit ses lettres de noblesse au début du XXème siècle à Paris, peu avant la première guerre mondiale avant de se diffuser dans les salons bourgeois du monde entier. Il en va ainsi de nombreuses danses et traditions paysannes qui ne purent ‘décoller’ qu’après un passage en métropole, au risque de perdre leur accent du terroir, d’oublier leurs origines. Telle faillit être l’histoire de la Scottish.
La Scottish, comme ses cousines Valse, Polka, Mazurka, nous vient d’Europe centrale,mais c’est dans les bals parisiens et londoniens qu’elle fit parler d’elle au milieu du XIXème siècle. Un ouvrage de 1860 en attribue la paternité à un immigré polonais: Markowski. Avant de devenir le « prince des nuits parisiennes », Markowski, relieur de son état, épatait les clients des bouges parisiens en exécutant prestement des danses de son pays natal. Il pensa alors pouvoir s’enrichir de ce don, …en vain. Pendant des années, il vécut chichement en courant le cachet puis en donnant des cours de danse. En 1848, il obtint la direction des bals d’Enghein puis ouvrit en 1857 son propre cabaret : « la salle Markowski » dans une ancienne grange de la rue Buffault où les noceurs parisiens venaient s’encanailler au contact des ‘cascadeuses’ de Markoxski : Finette, Nini belles dents et la célèbre Marguerite Badel dite la Huguenote dite Marie la Gougnotte dite la Rigolboche, reine du chahut-cancan et du grand écart. Notre maître danseur y gagna un surnom peu flatteur, que l’on peut facilement retrouver en inversant les troisième et quatrième lettre de son nom. Danseur, aubergiste, Markowski se fit compositeur et chorégraphe. On lui doit sans nul doute la « Friska », la « Lisbonienne », peut-être aussi la « Hongroise » et aux dires de certains également la « Scottish ». Il devint ainsi une figure du tout Paris, vécut grand train, se ruina puis retomba dans l’oubli avant de mourir misérablement en 1882.
La Rigolboche
Markowski, inventeur de la Scottish ? Pas sûr !
En effet, comme nombre de compositeurs du XIXème siècle, Markowski a su puiser dans le répertoire inépuisable des danses folkloriques d’Europe Centrale, et plus précisément de la vallée du Rhin et de Bavière. Dès les années 1840, notre danse y était pratiquée et connue sous les noms de Rheinlander, Polka Bavaroise ou, plus simplement Polka allemande. Le Paris de l’époque comptait alors une importante colonie allemande ; artistes francophiles (Heinrich Heine), révolutionnaires de tout poil (K. Marx), strictes gouvernantes et paysans déracinés dont Markowski partagea peut-être l’existence misérable … et les danses populaires. Malgré ses origines allemandes, c’est en tant que « Scottish » (ou Scottishe) que cette danse s’est rapidement diffusée dans toute l’Europe et jusqu’en Amérique du nord induisant en erreur des générations de danseurs sur sa nationalité. Peu d’auteurs fournissent une explication acceptable de cette appellation somme toute exotique. La plus vraisemblable est qu’elle est un des multiples aspects de la « celtomanie » des milieux romantiques de la première moitié du XIXème siècle. L’Europe se passionne alors pour les romans historiques de Walter Scott (Ivanhoé) et les légendes du barde écossais Ossian, tout aussi commentées (et critiquées) que le Barzaz Breiz de la Villemarqué. L’appellation « Polka allemande » aurait disparu dans la fièvre nationaliste anti-germanique de 1914 qui transforma aussi le café viennois en café liégeois, St Petersbourg en Petrograde et qui rebaptisa la famille royale britannique: Windsor faisait moins « boche » que Saxe Cobourg Gotha !
NB: Comme la Scottish, d’autres danses portent des noms trompeurs sur leurs origine: la Cochinchine n’a rien d’asiatique; c’est une danse danoise. La Chapelloise (de la Chapelle des Bois) doit son nom à un trou de mémoire d’un prof de danse, incapable de se rappeler le nom de l’Alamn’s marsj, venue de Suède…
A dire vrai, il peut sembler un peu stérile de chercher à attribuer une origine certifiée à des danses dont le propre est de voyager et de se réinventer partout en Europe et dans le monde.
(*) Sources de Rémy – Capering & Kickery : « The early scottishe », 2008. – Marshall, « Play me something quick and devilish: Old time fiddlers in Missouri » 2012. – Zorn, « Grammar of the art of dancing », Boston 1905. – Markowski et ses salons. Esquisse parisienne. Scènes du demi monde…Paris 1860 – Alfred Delvau : « Les Cythères parisiennes, histoire anecdotique des bals de Paris », Paris 1864. – Albert Wolff, « la Haute Noce », Paris 1885- – Camille Paillet, » La féminisation du chahut-cancan sous le Second Empire parisien, L’exemple de Marguerite Badel dite la Huguenotte dite Marie la Gougnotte dite Rigolboche « , 2015
Le visiteur étranger qui entend parler pour la première fois de la « Gavotte des montagnes » se pose souvent la question: Pourquoi les Montagnes ?
Des montagnes en Bretagne ?? En fait, la véritable question vient plutôt de la « gavotte ». Le mot désigne en effet bien des pratiques culturelles. Aujourd’hui, on l’assimile avant tout aux suites de danses pratiquées à l’origine en basse et haute Cornouaille, mais Jean Michel Guilcher rapporte que le même mot de Gavotte était utilisé à Pont-Scorff pour désigner un « en dro ». En pays gallo, gavotter renvoie à une pratique d’accompagnement par un chanteur déambulant auprès des danseurs.
Hors de Bretagne, la gavotte fut une danse très appréciée sous l’ancien régime, d’abord au théâtre, puis dans les bals de la cour, mais cette danse « sautée » plus que « glissée » avait peu à voir avec les danses bretonnes. Enfin, on sait que Bach, Lully et d’autres baroques composèrent d’élégantes gavottes.
Alors d’où vient-elle ? Où va-t-elle cette gavotte ? Le mot fut employé à Versailles bien avant d’arriver en basse Bretagne où il se répand progressivement au XIXème pour désigner des danses bien plus anciennes, héritières des branles médiévaux souvent appelés « dans tro » (danses qui tournent) en breton.
Pourquoi alors les qualifier de gavottes ? L’explication peut nous être donnée par l’étymologie: d’après le Larousse, gavotte vient du mot provençal « gavotto » désignant la danse du pays Gavot, la danse des « montagnards » de haute Provence (capitale Gap). Dans tout le domaine occitan, ce mot de gavot désigne pareillement des habitants des hautes terres. En Languedoc, le Gavot était le paysan cévenol. En gascon, le « gabatch » c’est le montagnard des Pyrénées… Ainsi notre » gavotte des montagnes » pourrait se traduire par « danse des montagnards… des montagnes ». Problème : le terme est bien utilisé en Cornouaille mais la région où il s’est le plus tardivement implanté est précisément la partie vallonnée entre les Montagnes Noires et les Monts d’Arrhée.
Le mot « gavot » a, partout où il a été employé, une autre signification que » montagnard ». Il exprimait aussi le mépris des gens des villes et des plaines pour les populations pauvres des montagnes, qu’on disait arriérées. Ne parlait-on pas aussi d’un « crétin des Alpes ». En provençal, le gavot, c’est aussi le goitreux, que le manque d’iode a condamné a une infirmité visible et infamante. Les bas bretons, hélas, ont été longtemps l’objet de tels jugements condescendants, voir insultants. Peut-être doivent-ils à leur triste réputation d’avoir été, eux aussi, qualifiés de « gavots » et, par extension, leur danse de « gavotte » ?
Nul ne sait, et peu importe. La gavotte au Fest Noz a gagné ses lettres de noblesse.
(*) Sources de Rémy : – Jean Michel Guilcher : La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, Coop Breizh-Chasse-Marée/Ar Men, 1995. – Marc Clérivet : Danse traditionnelle en Haute-Bretagne, Traditions de danse populaire dans les milieux ruraux gallos, XIXe-XXe siècles, Presses Universitaires de Rennes. – Dictionnaire étymologique Larousse: Article: « Danses sous l’Ancien Régime: de la Pavane à la Gavotte, en passant par la Courante, le Passe-Pied et le Menuet D’après « Revue de la Société des études historiques », paru en 1897 et publié sur le site « La France pittoresque ».
L’élaboration et la diffusion de ‘la’ Ridée ou ‘du’ Laridé témoigne de la vitalité culturelle des campagnes bretonnes dans la seconde moitié du XIXème siècle. Le terme « Ridée » ou « Laridé » vient peut-être des « Laridé ! Laridon ! Laridaine! » qui émaillaient nombre de chansons à la manière de nos tralalalalères. Au XIXème siècle, il ne désigne pas à proprement parler une danse, mais bien plutôt un répertoire assez divers, en phase d’élaboration. La « fin de la tradition populaire » au début du XIXème siècle n’aura pas permis d’aboutir à une forme-type faisant consensus dans l’ensemble de son territoire.
Celui-ci correspond à l’aire de diffusion des branles anciens du Vannetais: En Dro, Hanter Dro et Pilée Menue, soit les deux tiers du département du Morbihan, aussi bien en pays gallo qu’en pays bretonnant. Là, une nouvelle façon de danser apparaît et se diffuse, sans doute d’est en ouest, caractérisée par la vigueur des mouvements de bras. On l’appelle alors volontiers la Ridée à deux coups ou trois coups en fonction du nombre de balancés avant-arrière qui précède le repli du bras. Aujourd’hui on parle plutôt de Ridée six temps ou de Ridée huit temps (ou Laridé).
L’attention du danseur étant toute focalisée sur le mouvement de bras, on ne s’étonnera pas de l’extrême simplicité des pas, comparable à ceux de l’Hanter Dro auxquels on aurait ajouté un déplacement latéral (ou deux selon le nombre de balancés).
Le territoire de la Ridée six temps n’est pas continu. De l’ouest de Vannes à la pointe de Gavres au sud, et de Josselin à Baud et Languidic au nord, domine la Ridée huit temps, ou Ridée à trois coups, ou Laridé. Puis la Ridée six temps réapparaît plus à l’ouest, dans le pays d’Hennebont. Jean Michel Guilcher voit là l’influence d’une autre danse, pratiquée plus au nord, dans le pays de Pontivy. Le Laridé y est un des termes d’une suite comprenant plusieurs danses conformément aux modèles de la Gavotte de Cornouaille. Le Laridé pontivyen est une ronde à huit temps, très différente des Ridées que nous connaissons. Des mouvements de bras très limités, un pas assez complexe, tremblé et même vibré qui pouvait donner l’impression que les danseuses glissaient littéralement sur le sol. Au cours du XIXème siècle, ce Laridé déborde vers le sud, jusqu’au littoral. Là, il s’hybride avec la Ridée venue de l’est, au point d’en devenir méconnaissable. Sans doute aurai-il fini par disparaître si la tradition populaire avait pu durer plus avant dans le XXème siècle.
(*) Sources de Rémy: – Jean Michel GUILCHER: La tradition populaire de danse en Basse Bretagne, Coop Breizh-Chasse marée/Ar Men, 1995 – Marc CLERIVET : Danse traditionnelle en Haute Bretagne, Traditions de danse populaire dans les milieux ruraux gallos, XIXè-XXèmes siècles, Presses Universitaires de Rennes, 2013.